« Levons-nous et bâtissons ! »
Par Dugas · 17 janvier 2025
Type: text
Après des siècles de désobéissance, la chute de Jérusalem et la déportation à Babylone (587/6 av J-C) ont été un traumatisme majeur pour le Royaume de Juda. Soixante-dix ans plus tard, sous le règne de Cyrus, est publié l’édit autorisant la reconstruction du Temple sous la direction de Josué et de Zorobabel. Enfin, vers 445, Néhémie est envoyé pour organiser la reconstruction de l’enceinte fortifiée de Jérusalem. Le troisième chapitre du livre de Néhémie nous décrit les travaux.
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Il se peut que ce texte ne vous paraisse pas très palpitant. Peut-être même ne l’avez-vous jamais lu et vous êtes-vous contenté de sauter le passage jusqu’à présent ! Pourtant il est d’une extrême richesse dans la manière dont il nous parle de reconstruction. Nous pouvons être indifférents aux étapes de la restauration d’une muraille aujourd’hui presque totalement disparue mais nous devons entendre ce que la Parole divine a à nous dire sur les reconstructions spirituelles que nous avons à mener et nous demander pourquoi (à cause de quoi) ce genre d’épreuve a lieu mais aussi pour quoi (dans quel but) Dieu le permet.
Le désamour, la désobéissance et l’infidélité du peuple de Juda l’ont conduit dans une situation douloureuse dans laquelle il a pu expérimenter le manque comme l’exprime le Psaume 137.
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Il ne s’agit pas seulement de la nostalgie du pays ; l’expérience du silence de Dieu est source de souffrance. Juda vit un double exil loin de sa terre et loin de son Dieu. Et de ce manque va naître le désir. Cette sorte de fièvre de reconstruction qui apparaît dans le texte est bien le résultat de l’expérience du manque : reconstruire la ville dans laquelle Dieu a promis de faire demeurer Sa Présence afin de retrouver cette communion perdue dont soudain on a totalement soif.
C’est un immense chantier… qui aurait pu être évité. Et cent quarante ans après la destruction, ceux qui vont rebâtir ne sont pas ceux qui ont été responsables de la situation. …
Ce n’est pas parce que je ne suis pas responsable du désastre que je peux me tenir à l’écart de la restauration. La question en effet n’est pas « QUI est coupable ? » mais « voulons-nous retrouver la communion AVEC DIEU ? » Les bâtisseurs ne regardent pas en arrière car la situation est préoccupante : une muraille en ruine c’est un risque majeur lorsqu’il n’y a plus rien pour arrêter l’ennemi.
Dès lors, la portée spirituelle de ce texte nous saute aux yeux : à cause de ses désobéissances, le peuple de Dieu se retrouve affaibli, en danger et sans protection face à l’Ennemi. Il faut reconstruire les murailles protectrices, celles dans lesquelles nous sommes dans la présence de Dieu. Avez-vous remarqué que la reconstruction commence et se termine au niveau de la porte des moutons ? …
Est-ce simplement un détail si anecdotique quand Jésus a dit « Je suis la porte des brebis » ? (Jean 10 : 7) Toutes nos reconstructions doivent partir de lui et y revenir.
Ce texte nous propose une longue liste de bâtisseurs et la difficulté de lecture de leurs noms semble nous proposer une excuse pour sauter le passage ! Et pourtant, que d’enseignements précieux dans cette énumération ! Ces noms imprononçables désignent des inconnus pour nous mais peu importe, Dieu se souvient de leur engagement à reconstruire et nous les laisse en exemples.
Notons d’abord que tous participent, à commencer par le grand prêtre qui aurait pu arguer de sa charge pour s’exempter. Les prêtres et les Lévites qui sont d’ordinaire affectés au service du sanctuaire sont également sur le chantier montrant ainsi qu’il s’agit bien d’une tâche ‘spirituelle’ selon la volonté de Dieu.
Les notations spatiales sont intéressantes : « à côté » ou « derrière », selon la manière dont on regarde le plan de la ville. Ce ne sont pas seulement des indications locales ; elles soulignent la nécessité de travailler à proximité les uns des autres : on ne laisse pas d’espace entre les chantiers. Imaginons que chacun réalise un morceau de mur qui se termine droit au ras de celui du voisin… la muraille ne résisterait à aucun assaut ! Cela nous parle de collaboration : chaque pan de mur reconstruit doit être solidement lié au suivant. Et personne ne se demande s’il a envie de travailler avec son voisin : l’objectif est plus grand que les querelles de voisinage.
Si chaque ouvrier devrait traverser la ville pour rejoindre sa part de chantier, il perdrait de l’énergie et du temps de travail. C’est parfois ainsi pourtant que nous organisons certaines de nos activités. Mais ici, beaucoup bâtissent « en face », « à côté », « devant sa maison ». Chacun travaille là où il est concerné et cette proximité multiplie l’efficacité.
Tous ne sont pas habitants de Jérusalem. Certains viennent de l’extérieur (Jéricho, Gabaon, Tequoa…) car Jérusalem ne concerne pas seulement ceux qui y vivent : c’est un lieu de refuge pour tous et un lieu spirituel. Cela justifie la collaboration des tribus. Ils sont revenus en tant que peuple de Dieu, c’est cela qui fait leur unité.
Est-ce que cela nous parle de l’Eglise ? Voulons-nous être un peuple ou voulons-nous rester des individus et des dénominations avec des exigences personnelles ? Nous avons nos églises mais la reconstruction de l’Eglise nous appelle tous parce que cette Eglise est le témoignage de Dieu sur terre. Notre vie ‘tribale’, dans nos habitudes, n’est pas prioritaire sur le projet global de Dieu.
Il y a une exception au verset 5 « les Tequoïtes dont les chefs ne se soumirent pas au service… » qui est simplement notée, sans commentaire. Il y aura toujours des problèmes d’orgueil, de soumission, d’obéissance mais ils ne sont pas une raison de s’arrêter.
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Enfin, tout au long de ce tour des fortifications sont recensés les chantiers des portes et cette formule est répétée : « ils la charpentèrent et en posèrent les battants, les verrous et les barres ». La porte est un élément indispensable qui permet la circulation vers l’extérieur quand elle est ouverte (et c’est essentiel pour la survie dans la ville) et qui protège des agressions de l’extérieur quand elle est fermée. C’est pour cela que les portes doivent être défendues par des fortifications spéciales, des verrous et des barres afin de ne pas être des points de faiblesse. Une porte ne peut être ni toujours ouverte ni toujours fermée ; elle sert précisément à moduler le contact avec l’extérieur, selon qu’il est enrichissant ou dangereux. Cela vient nous parler de contact avec le monde : l’Eglise doit avoir des portes afin que l’on puisse librement entrer et sortir, que l’on vienne du dedans ou du dehors mais l’Ennemi n’est pas autorisé à pénétrer et, pour l’en empêcher, il faut des verrous et des barres. Les églises ont souvent du mal avec les portes : toujours ouvertes, sans verrous ni barres ou trop fermées … et pourtant c’est là que tout se joue, c’est là que se situe le sens même de leur mission. Jésus a dit « Je suis la porte », c’est donc Lui qui q établi les critères d’ouverture (beaucoup plus larges parfois que ce que nous sommes prêts à oser) et de fermeture (plus stricts aussi parfois que ce qui nous conviendrait). Mais l’Eglise ne sera un lieu de salut qu’à cette condition.
Nous pouvons désormais nous demander où nous nous situons dans cette histoire en tant qu’église locale et peut être surtout en tant qu’Eglise du Christ.
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Ce texte nous invite à prendre conscience de l’importance de ce que nous bâtissons à l’extérieur du sanctuaire : la reconstruction du temple, lieu de rencontre avec Dieu a été accomplie par Jésus (descendant de Zorobabel) ; notre rôle est désormais de rebâtir la Ville, ce lieu d’accueil et de vie pour les pèlerins qui se rendent au sanctuaire, dans la présence de Dieu !
Et nous sommes appelés à le faire ensemble, côte à côte, sans chercher qui est coupable mais plutôt pour quoi Dieu a-t-il permis ces épreuves. La défaite et l’exil à Babylone ont touché ceux qui avaient été infidèles mais aussi les autres (pensons à Daniel).
Ce chantier sera un combat, pas un pique-nique ; il rencontrera une opposition farouche ; il faudra travailler et lutter, prier et construire.
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L’Eglise de ce pays a besoin de bâtisseurs. Cela commence dans nos cœurs, dans nos assemblées, mais l’objectif est bien l’Eglise du Christ !
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Pouvons-nous douter du désir de Dieu de nous éveiller pour bâtir Sa maison ? Quelle écoute accordons-nous à Son Saint-Esprit ? Quelle obéissante ? Quel désire de servir, de Le servir et non de faire notre volonté selon nos plans ? Où est l’unité que donne l’Esprit Saint ?
Avons-nous conscience qu’il s’agit vraiment d’une question de vie ou de mort ? Cette Eglise que nous sommes appelés à reconstruire, pensons-nous qu’elle doit être un rempart pour des milliers de gens qui vont à la mort éternelle et que nous abandonnons entre les mains de l’Ennemi ? En lisant le récit de cette reconstruction, en voyant ces prêtres, ces marchands, ces parfumeurs, ces femmes…assoiffés de reconstruction, pouvons-nous avoir honte de notre légèreté ?
Comment osons-nous prendre la Communion au sang que Jésus a versé sur la croix « en faveur d’une multitude pour le pardon des péchés » si nous négligeons l’objectif d’amour qui l’a poussé à donner Sa vie ?
L’Esprit Saint nous exhorte à bâtir ensemble. Prions que Dieu suscite des Néhémie pour nous conduire. Prions aussi pour savoir reconnaître et obéir à ceux qu’Il nous enverra : Néhémie n’était pas de la classe sacerdotale mais tous, y compris les prêtres, ont reconnu son autorité et accepté ses directives.
Tiré du livre intitulé Fais-moi vivre selon Ta Parole
De Claude-Véronique ROUVIERE
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